mercredi 30 octobre 2013

L'art d'être grand-père


-       Allez, je t’emmène au cinéma !
-       Oui, super !  qu’est-ce qu’on va voir ?
-       La Belle et la Bête, un très beau film, tu verras.. ;
-       Heu, oui, mais tu sais, j’ai vu la bande annonce et je trouve que ça fait un petit peu peur…
-       Ah… Eh bien, regardons s’il y a autre chose à voir…
-       Oui, regarde, Turbo !

Eh bien allons-y pour Turbo…

Une heure trente plus tard, je dois bien reconnaître qu’être grand-père impose de savoir faire des sacrifices. Parce que, pour tout vous dire, Turbo, c’est pas un cadeau !

Turbo, c’est un escargot qui n’a qu’un rêve : gagner les 500 Miles d’Indianapolis, la course automobile la plus rapide du monde.
Mais Turbo, c’est surtout un escargot américain. Qui sait très bien que quand on veut on peut (in english : « Yes, we can ! » je crois.)
C’est un charmant escargot américain, né avant la crise des subprimes, si j’en crois la propretéet le confort tranquille du petit pavillon de banlieue bien entretenu dans le jardin duquel il vit.

Bon, mais comment faire un film d’une heure trente avec un escargot qui court vite ? Avec un escargot français, je ne sais pas, mais avec un escargot américain, vous compliquez un peu les choses en lui trouvant un allié haut en couleur et qu’au premier abord, le spectateur lambda pourrait prendre pour un méchant ou un loser. Un pauvre, par exemple. Allez, pire : un immigré pauvre. Attention, pas un comme ceux de par chez nous qui vivent d’aide sociale et d’assistanat ! Un bon gros immigré mexicain-américain qui travaille comme une bête pour gagner sa liberté en vendant des tacos dans une camionnette pourrie (ce qui serait impossible en France : la direction de la concurrence lui ferait fermer boutique aussitôt pour cause de santé publique, l’empêchant ainsi de s’assumer et de prendre sa vie en main) et qui a le rêve américain à cœur : oui, un immigré pauvre qui ne rêve que d’une chose, faire fortune, et pas juste escroquer le RSA. Et : oui, il peut puisqu’il le veut ! (in english : « Just do it ! », je crois.)

Et voilà le travail : un escargot américain et un immigré pauvre américain qui ont compris qu’un rêve n’est jamais trop grand ni un escargot trop lent partent à l’assaut d’Indianapolis. Au passage l’escargot se gavera d’une boisson énergisante indispensable à son efficacité, mais manifestement DreamWorks n’a pas réussi à tomber d’accord avec Red Bull parce qu’ils lui ont trouvé un autre nom, et franchement, c’est un peu dommage !

En fait, il ne manque qu’une chose à ce film, mais ça manque cruellement : Dieu !  Pas une seule référence, pas une allusion qui pourrait nous rassurer sur le fait qu’immigré et escargot croient bien en Dieu (en dollar américain : « In God we trust », je crois.) Du coup, je suis sorti un peu mal à l’aise de la séance. Les valeurs se perdent, même chez DreamWorks.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ne désespère pas, il s'est fendu la poire devant un court métrage de Pierre Étaix, ce soir !
(PS ça devient le parcours du combattant pour enregistrer un commentaire sur ce site)

Le Chaland qui passe a dit…

C'est normal, c'est pour que la NSA puisse plus facilement détecter les commentaires qui l'intéressent...